“Comment être un bon coach professionnel pour n’importe quel client du monde du travail ?”
Une frontière éthique, comportementale et interpersonnelle
Cet extrait donne une explication plus détaillée de ce que Florent POULET appelle dans son mémoire "l'équation d'éthique du coach professionnel".
Pour rappel de l'article 1 - Résumé :
“Comment être un bon coach professionnel pour n’importe quel client du monde du travail ?”
Une frontière éthique, comportementale et interpersonnelle
Voilà la question sur laquelle Florent POULET s'est penché dans le cadre de son mémoire de formation pour devenir Coach Professionnel certifié RNCP.
- Est-ce toujours possible ? Si oui, quelles en sont les conditions ; si non, pour quelles raisons ?
- Comment mesurer le niveau de satisfaction d’un client ? Sur la base de quels critères (objectifs et/ou subjectifs) ?
- Quels sont les méthodes, outils et techniques qui permettent d’y parvenir ?
- Quelle est la place de l’auto-évaluation du coach ?
- Quelles sont les places de la formation et de l’expérience professionnelle du coach ?
- Quels sont les particularités des différents types de coaching possibles en entreprise ?
- Existe-t-il des corrélations entre la satisfaction client et les différentes méthodes ou outils employés et ce également en fonction des différents contextes d’intervention possibles du coaching professionnel ?
Pour plus de détails sur le mémoire et notamment son résumé : voir l'article 1 Résumé
Au niveau de la dimension éthique, les réflexions de l'auteur l'ont conduit à formuler certaines conditions applicables à un coach professionnel que doivent remplir respectivement son éthique professionnelle, personnelle et la déontologie du métier de coach pour garantir une prestation de qualité et respectueuse tant du client que du coach lui même. Nous appelons ces trois items les trois composantes de l'éthique.
L'idée est de réfléchir en terme de volumes, d'espace de travail mentale afin de voir les différentes interactions que peuvent avoir ces 3 composantes. L'objectif étant de pouvoir définir qu'elles sont les caractéristiques d'un espace de travail éthique tant pour le client que pour le coach. Cet espace de travail ainsi défini correspond à une quatrième composante.
En effet, il est assez évident qu'un tel consensus éthique doit se situer au confluent de l'éthique personnelle, professionnelle et de la déontologie, mais dans quelles proportions ? Avec quelles priorités ?
Quelques clarifications sémantiques
Sur l’édition en ligne du dictionnaire Larousse, nous pouvons trouver les définitions suivantes de ces deux notions :
Ethique :
- Partie de la philosophie qui envisage les fondements de la morale
- Ensemble des principes moraux qui sont à la base de la conduite de quelqu'un.
Ainsi on distinguera l'éthique personnelle et professionnelle suivant le domaine concerné
Déontologie :
Ensemble des règles et des devoirs qui régissent une profession, la conduite de ceux qui l'exercent, les rapports entre ceux-ci et leurs clients et le public.
Paramètres de l'équation
L'équation de l'éthique du coach fait intervenir 4 différentes zones, chaque zone correspond respectivement à une composante définie précédemment et dont voici la définition que nous proposons de retenir :
- Zone de l’Ethique professionnelle (ZPRO) :
Ensemble des principes moraux qui sont à la base de la conduite du coach dans son environnement professionnel (ie “ce que j’accepte en tant que coach”).
- Zone de l’Ethique personnelle (ZPER) :
Ensemble des principes moraux qui sont à la base de la conduite du coach dans son environnement personnel (ie “ce que j’accepte en tant que personne").
- Zone de la Déontologie (ZD) :
Ensemble des règles et des devoirs qui régissent la profession de coach professionnel, la conduite de ceux qui l'exercent, les rapports entre ceux-ci et leurs clients et le public (ie “ce que l’on me demande de faire en tant que coach”).
- Zone de travail (ZT) :
Espace moral de convergence entre l’éthique professionnelle et personnelle, dans le respect de la déontologie. Il s’agit de la zone où le coach professionnel décide de travailler et se sent à l’aise et aligné avec ses principes, ses valeurs et ses croyances (ie “ce que j’accepte de faire dans le cadre de la mission”). De manière concrète il pourra s'agir d'un thème de travail, d'une manière de fonctionner, d'une particularité d'un client, d'un contexte, ou encore d'un objectif fixé par le client.
On notera que les zones présentées ici sont assimilées à des ensembles “mathématiques” ce qui nous permet de formuler les deux équations qui lient ces 4 zones entre-elles. Il ne s’agit pas de respecter une stricte rigueur mathématique qui serait inutile ici, mais d’en utiliser la puissance de représentation pour illustrer de manière concrète les phénomènes.
Pour rappel :
Un ensemble comme on l'entend en mathématique peut être vu comme une sorte de sac virtuel contenant un nombre fini ou infini d'éléments, de nature diverse. Pour être dans ce sac virtuel, tous les éléments en question doivent partager une ou plusieurs caractéristiques communes ou avoir un lien logique qui les connectent. Par exemple :
- une chaise est un élément de l'ensemble "mobilier de maison"
- une pomme est un élément de l'ensemble "fruit"
- une montre est un élément de l'ensemble "horloge"
- un réveil est un élément de l'ensemble "équipement de la maison"
- une montre cassée et un réveil cassé font partis de l'ensemble "objet qui ne sert plus"
Enoncé de l'équation
L'équation de l'éthique du Coach peut donc être écrire sous la forme du système suivant à deux conditions :
Avec :
Condition 1 :
On peut interpréter la condition 1 comme suit : La zone de travail correspond à la rencontre de l'éthique personnelle et professionnelle. C'est à dire, le coach accepte de travailler avec le client sur un sujet donné (zone de travail) si et seulement si le sujet en question est en accord avec son éthique professionnelle ET personnelle.
Condition 2 :
On peut interpréter la condition 2 comme suit : La zone de travail pourra être plus grande que la zone de la déontologie, mais elle devra toujours inclure l’intégralité de la zone de déontologie (obligation pour le coach de respecter l’ensemble de la déontologie). Dans d'autres thermes, le coach professionnel pourra décider de travailler sur un sujet avec un client de la manière qu'il lui semble la plus adéquate si et seulement si la déontologie ne l'interdit pas explicitement.
Dans le cadre du mémoire, on en déduira donc que :
- si les 4 composantes de l’éthique du coach respectent ce système, alors il sera un bon professionnel
- si les 4 composantes de l’éthique du coach ne respectent pas ce sytème, alors il sera un mauvais professionnel
D'une manière illustrée, ce système pourrait se représenter de la manière suivante :
NB : cette configuration sera appelée "modèle intégré de type 1" dans la suite de l'article.
Conséquences directes
La première conséquence logique que nous pouvons faire lorsque les deux conditions de ce système sont réunies est que la déontologie fait alors obligatoirement partie de la l'éthique professionnelle et personnelle du coach. En d'autres termes, le coach accepte en totalité la déontologie comme base de son éthique personnelle et professionnelle.
La seconde conséquence logique que nous pouvons faire lorsque les deux conditions de ce système sont réunies est que dans le silence de la déontologie (ie lorsqu'une action n'est ni imposée, ni interdite par la déontologie), ce sont l'éthique professionnelle et personnelle du coach qui prennent le dessus et servent ainsi de garde fou.
Quelques exemples
Nous allons maintenant voir quelques différents cas possibles dans lequel un coach professionnel pourrait se trouver. Certains cas respecteront l'équation d'éthique, d'autres non, le but étant ainsi d'illustrer cette théorie.
CAS 1 : L'oubli de soi-même pour le coach
CAS 1.A - l'oubli de l'éthique personnelle
Ce premier cas constitue un exemple dans lequel un coach professionnel accepte de faire une action qui ne correspond pas à son éthique personnelle. Le risque principal dans cette situation pour le coach est de “craquer” ou de vouloir faire changer le client selon ce que lui pense être vrai, juste ou bon. Un coach qui se laisserait guider dans cette configuration ne serait pas un bon professionnel du point de vue de l'auteur.
CAS 1.B - l'oubli de l'éthique professionnelle
Ce second cas constitue un exemple dans lequel un coach professionnel accepte de faire une action qui ne correspond pas à son éthique professionnelle. En effet, dans certains cas, une action que l'on accepte de faire à titre personnel peut ne pas être acceptable lorsque l'on évolue dans un contexte professionnelle. Prenons les exemples suivants :
- Accepter de l'argent liquide comme règlement
- Ne pas être ponctuel
- Ne pas se soucier de sa tenue vestimentaire
- etc
Le risque principal pour le coach dans cette situation est le même que dans le cas précédent : “craquer” ou vouloir faire changer le client selon ce que lui pense être vrai, juste ou bon. Un coach qui se laisserait guider dans cette configuration ne serait pas un bon professionnel du point de vue de l'auteur.
CAS 2 : Le non-respect de la déontologie pour le coach
Ce troisième cas schématisé dans la figure ci-dessous correspondrait à un coach professionnel qui accepterait de travailler dans une zone de morale qui ne correspondrait pas à un consensus avec son code de conduite imposé par sa déontologie. Nous précisons à cette occasion qu'il existe plusieurs déontologies professionnelles de coaching en France et dans le monde, chaque coach est donc libre de choisir celle qui lui correspond le mieux.
Il s’agit d’une situation très dangereuse pour le coach et pour son client. Les risques principaux ici sont l’apparition de phénomènes sectaires, de manipulations ou tous autres types d’accompagnement qui ne sont pas du coaching professionnel. Un coach qui se laisserait guider dans cette configuration ne serait pas un bon professionnel du point de vue de l'auteur.
CAS 3 : Le respect partiel de la déontologie pour le coach
Ce troisième cas correspondrait à un coach professionnel dont les trois zones de morale acceptable seraient perçues comment largement indépendantes les unes des autres et dont la zone de travail seraient donc aux carrefours de ces trois zones. Il s’agit ici d’un coach qui ne partagerait pas entièrement le code de déontologie de la profession, mais qui s’efforcerait de trouver un consensus avec sa propre éthique personnelle et professionnelle. La zone de travail sera donc très limitée, le coach devra surement décliner de nombreuses missions afin de rester authentique et aligné avec sa personnalité (ie ses valeurs et ses croyances).
Ce cas correspond donc à un professionnel que l'on pourrait de qualifier de “borderline”, qui se situe dans une positon potentiellement inconfortable et dangereuse pour son client et lui même de part le caractère instable de cette situation.
L'exemple pourrait être un coach qui respecte l'ensemble de la déontologie professionnelle à l'exception de la démarche de supervision régulière ou qui entretien une relation intime avec son client.
On remarquera également que dans cette configuration, le sytème qui régit l'équation d'éthique du coach est alors modifié en une seule équation :
la zone de travail est égale à l'intersection de la zone d'éthique professionnelle, personnelle et de la déontologie
CAS 4A : Le modèle intégré de type 1
Ce quatrième cas correspondrait à un coach professionnel qui aurait une éthique professionnelle et personnelle en consensus avec le code de déontologie de la profession mais dont l'une des deux autres éthiques (personnelle ou professionnelle) serait plus contraignante que l'autre. On illustre cela par une zone de taille plus réduite que l'autre. En effet, si l'éthique est plus contraignante alors elle contient moins d'éléments, donc za taille est plus petite.
Nous avons choisi d'illustrer ci-dessous le cas d'une éthique personnelle plus contraignante qu'une éthique professionnelle.
Il en découle une zone de travail quasiment équivalente à sa zone d’éthique personnelle (ou respectivement professionnelle selon le cas), ce qui permet une plus large possibilité d’expression et de travail que dans les cas précédents. Un coach dans cette configuration serait un bon professionnel et performant du point de vue de l'auteur, qui pourrait accompagner de nombreux clients, car à la différence du cas 3, sa zone de travail intègre la totalité de la déontologie.
Un exemple serait un coach qui accepte de traiter toutes les demandes clients, à l'exception des thématiques liées à la relation père-fils qui constitue un sujet de profond affecte chez lui.
CAS 4B : Le modèle intégré de type 2
Ce cinquième cas correspondrait à un coach professionnel qui aurait une éthique professionnelle quasiment confondue avec le code de déontologie de la profession et dont l’éthique personnelle serait également confondue avec son éthique professionnelle.
Il en découlerait une zone de travail optimale, la plus grande possible, car les trois zones de morale seraient quasiment concentriques. Un coach dans cette configuration serait un bon professionnel et très performant du point de vue de l'autre, qui pourrait accompagner en théorie tous les clients possibles selon les règles de l’art de la profession.
Il s'agit néanmoins d'une situation théorique et idéalisée vers laquelle peut toutefois tendre un coach professionnel avec le temps, et grâce à une démarche de supervision régulière ainsi qu'à un travail constant de développement personnel afin d'améliorer sa pratique et la connaissance qu'il a de lui-même.
Retrouvez le détail des offres proposées par AP2V Conseils :
En savoir plus
Nos prestations
Auteur : Florent POULET, Ingénieur Coach professionnel certifié RNCP - Président Fondateur AP2V Conseils - Copyright Touts Droits Réservés Juin 2018
Comments powered by CComment